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Chapitre 18 : Bougies et jalousie
Malgré notre vie de parents et les fantômes de mes parents rôdant au manoir (ou à cause de ?), mon cher mari et moi prenions soin de nous réserver des moments rien qu'à nous. Certes, il avait tendance à effrayer les voisins, mais cela faisait partie de toutes ces petites choses que j'aimais chez lui.
Ce jour-là, mon cher et tendre et moi-même étions en vadrouille idyllique près de la bibliothèque municipale. Profitant de ce moment à deux, je dois avouer que j'avais l'esprit un brin... passionné. Arriva alors d'on ne sait trop où une femme rousse à lunettes, qui se révéla bientôt être en admiration non pas sur ma robe rouge mais sur ce qu'elle contenait. C'était sans doute bien la première fois qu'une femme me contait fleurette !
Mon unique tort fut sans doute de répondre de façon trop polie et douce à ses avances. Car cela ne plût absolument pas à monsieur mon mari, qui commença à me faire une crise de jalousie aiguë ! Voilà bien la dernière chose à laquelle je m'attendais ! La balade en amoureux tourna vite au vinaigre et en conflit rangé. Soit disant que je n'avais aucune considération pour lui en me laissant aborder de la sorte, que je ne me rendais pas compte de ce qu'il avait laissé pour moi, et que (d'après lui) j'avais l'air prête à partir avec le premier inconnu, ou visiblement la première inconnue. Non mais quel toupet !
De retour plus tôt que prévu au manoir, je me précipitai sur le tapis roulant pour me calmer les nerfs. Nonméoh ! Je ne lui avais jamais rien demandé, à ce que je sache ! Bon, hormis sa main, bien sûr. Mais rien ne l'obligeait à accepter ! Et puis, j'ai simplement que j'étais flattée par l'intérêt de cette femme, pas que j'allais tout quitter pour devenir goudou ! A se demander si cet homme était vraiment mon âme soeur...
De son côté, Monsieur Jaloux passa le reste de l'après-midi à jouer aux échecs avec Walter.
Et cela lui fut profitable, car en fin de journée il vint me trouver tout penaud, pour s'excuser d'avoir réagi si vivement dans l'après-midi. Il reconnut que jamais je ne l'avais obligé à quoi que ce soit, et qu'il était très heureux d'être mon époux. (il ne manquerait plus que ça !)
Pour montrer que je passais l'éponge, mais aussi pour le titiller un peu, je l'entraînai avec un grand sourire vers l'autel où nous renouvelâmes nos voeux de mariage, alors que le soleil se couchait sur la baie face au manoir.
Et il fut loin de refuser d'embrasser la mariée ! Ouf, cette journée finissait bien malgré tout, la crise conjugale était évitée.
Et toute cette affaire lui fit beaucoup de bien, puisque dès le lendemain il reçut une promotion ! C'était pour lui l'heure de choisir, et c'est vers la mixologie qu'il se tourna.
Ce jour-là fut aussi l'anniversaire de ma petite soeur, Sonia ! Comme c'était elle la meilleure cuisinière de la maison depuis la mort de Père, elle se prépara son propre gâteau d'anniversaire. Je n'étais pas très enthousiaste à cette idée, mais aussi trop effrayée à l'idée de mes propres résultats en la matière. Il n'aurait pas été très convenable d'empoisonner toute la famille en ce jour de réjouissances...
Elle dit adieu avec joie à une adolescence qui s'éternisait à son goût, et se prépara à entamer sa vie à elle ! Nous ne l'avions jamais vue très entourée, mais elle était apparemment membre d'un groupe de potes.
Et voilà ! La plus jeune fille de Matho et Cassandra était devenue une jeune adulte ! En la serrant dans mes bras, je ne pus m'empêcher de me revoir en train de lui donner le biberon ! Tout comme je ne pus m'empêcher de penser que j'aurais voulu que Père et Mère voient leur fille aussi jolie et épanouie.
Dès le matin suivant elle affirma son indépendance en explorant les alentours du manoir. Sans doute était-elle à la recherche de grenouilles à cuisiner (un héritage de notre lointaine ascendance de Champs-les-Sims ?).
D'ailleurs, fidèle à son souhait de devenir grande chef, elle se lança aussitôt dans la carrière culinaire. Heureusement, une place de traiteur s'était libérée au restaurant de Grim.
Pour ma part, ma carrière avançait lentement. A vrai dire, avec ma vie de famille et le manoir à entretenir, je n'avais pas beaucoup de temps pour écrire. Et sans livres écrits, pas de promotion ! Tout ça pour auto-éditer de petits ouvrages qui ne rapporteront pas gros... Nous avions même été obligés de vendre quelques (petites) toiles de Père pour pouvoir payer les factures à temps !
Mon fils poursuivait ses recherches pseudo-scientifiques, parfois aux dépends de notre confort à tous... Fabriquer des boules puantes maison, mais quelle idée ! Je suis cependant heureuse de constater que si jeune, il semble déjà avoir trouvé sa voie (la science, pas les farces et attrapes).
J'étais également ravie de savoir qu'il était en contact régulier avec son grand-père, et que tous les deux partageaient de bons moments ensemble.
Son arrière-grand-mère (qui étrangement restait toujours aussi jeune et belle alors qu'elle avait presque 3 fois mon âge) lui rendait également visite régulièrement. Oncle Alexandre n'ayant apparemment pas eu d'enfants, elle venait s'assurer de la bonne évolution de la descendance des Gothik.
Cependant, l'absence de mes parents se faisait parfois cruellement ressentir, et nous avions tous nos petits moments de recueillement sur leurs tombes.
Mais bientôt, ce fut au tour de mon bébé de souffler ses bougies et de passer à l'âge supérieur ! Décidée à être une mère exemplaire, je mis cette fois la main à la pâte, et ma foi je n'étais pas peu fière du résultat ! Un vrai gâteau d'anniversaire !
Et mon petit garçon se métamorphosa sous mes yeux en un grand jeune homme ! Je lui trouvai un petit air de Vladimir Gothik... Il était devenu un garçon très bienveillant.
Et pour son anniversaire, il eut le plaisir de retrouver sa grand-mère ! Qui fut très émue de serrer dans ses bras son grand petit-fils.
Le lendemain, Sonia se rendit au parc pour se dénicher... Un homme ! Maintenant qu'elle était devenue une jeune adulte, elle comptait bien fonder son propre foyer. Et contrairement à moi, on ne peut pas dire qu'elle était complexée par ses rondeurs ! Elle jeta son dévolu sur Thomas Garcia, qui m'avait justement envoyé sur les roses.
Je ne sais comment elle s'y prit, mais en quelques oeillades et quelques belles paroles, elle eut le bonhomme dans la poche ! Mais d'après mes souvenirs, Thomas n'était pas du genre à s'engager. Sans parler du fait qu'il approchait de la retraite, malgré son air de jeune homme campagnard...
Et voilà qu'en une après-midi Sonia avait rencontré un homme, l'avait séduit et embrassé ! Lorsque le soir venu ma soeur me raconta cela, les bras m'en tombèrent d'étonnement !
Et ma surprise fit un nouveau bond lorsque je vis dans l'entrée mon fils en train de discuter avec son grand-père d'une histoire de muscles et de comment s'y prendre avec les filles... L'humeur folâtre de ma soeur serait-elle contagieuse ? Hors de question que je laisse une petite mijaurée me prendre mon fils !
Même mon cher époux semblait être gagné par ce vent de fraîcheur romantique ! Dans l'idée (je l'espère) de me plaire, il s'était mis à son tour au sport et avait grimpé sur le tapis de course (ou devrais-je dire l'engin de torture ?), afin d'affiner sa silhouette et de perdre ce petit ventre apparu suite aux nombreux cocktails qu'il préparait (soit disant pour s'améliorer).
Le lendemain, alors que Walter était tout juste rentré du lycée, quelqu'un frappa à la porte du manoir. Lorsque j'ouvris la porte, je découvris une jeune fille élancée, aux longs cheveux noirs et aux yeux bleus. Je ne la connaissais ni d'Eve ni d'Adam. "Est-ce la fille de Charles ?" me demandais-je, avant de me répondre "Non, pas avec cette peau de nacre..." Soudain, mon coeur fit un bond dans ma poitrine. Ah non ! Pas déjà ! Pas mon pire cauchemar !
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Commentaires
Comme le temps passe....
L'âge sied à ravir aux membres de la dynastie Owlblood. Sonia est ravissante, et Walter.... disons, charmant. J'ai comme l'impression qu'il ne devrait d'ailleurs pas tarder à exercer "ses charmes" au grand désespoir de sa pauvre Maman.
Tu devrais peut-être lui rappeler qu'il est de son devoir de transmettre le flambeau, par extension "ne pas mettre de bâtons dans les roues" de l'avenir
La scène de jalousie m'a bien fait sourire. Et la conclusion de cette après midi de bouderies encore plus !Merci à vous deux pour votre passage et vos commentaires qui me vont droit au coeur, comme toujours ! :)
J'avoue avoir pris autant de plaisir à écrire la scène de jalousie que vous à la lire :D (je ne les ménage pas, mes chers Owlblood !).
Ben dit donc elle sait y faire la Sonia lol emballer c'est peser :) Elle a raison de ne pas être complexer, elle est très belle. Passe de bonnes fêtes Mathoo bisous.
Héhé oui, elle n'est pas la petite-fille de Sonia Gothik pour rien ! :D
Bonne fin d'année à toi aussi Angie ! :)
Sonia II porte bien son nom dis donc ! Trop jolie sur la photo *.*
AH trop de suspense sur la dernière image !
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Encore un épisode surprenant! J'ai adoré! La plume d'Alicia est un vrai délice; même lorsqu'elle est en colère contre son grim. J'avoue avoir ri (pardon... :o )
Ma foi, cette jeune fille a cette beauté mystérieuse qui convient aux Owlblood. Sans le connaître, je l'aime déjà beaucoup; ce qui ne semble pas encore être le cas de la belle Alicia. Il me tarde de lire la suite! :)