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Par Mathoo Sims le 3 Février 2015 à 22:46
Mon fils était donc devenu un jeune adulte, alors même que je devenais une mamie croulante. Fidèle à ses rêves d'enfant, il décrocha le téléphone pour s'engager dans l'aérospatiale.
Inquiète de le voir partir faire la guerre des étoiles au risque de ne plus revenir, je m'en ouvris à mon mari. "Boh, Walter est comme un chat, il a toujours su retomber sur ses pattes !" me répondit-il sans une ride d'anxiété. Je devrais peut-être vérifier ce qu'il met dans ses cocktails, on ne sait jamais...
A ce propos, sa dextérité en mixologie s'améliorait de jour en jour. Jongler avec trois bouteilles ne lui posait désormais plus aucun problème. A croire qu'en vérité il travaillait au cirque du coin !
La vieillesse avait également ses bons côtés. Je m'étais désormais fait une place bien à moi sur les étagères des libraires, et j'enchaînais les livres. De par mon histoire familiale, mon genre de prédilection était le fantastique. Deux de mes livres connurent d'ailleurs un franc succès : "Epilation totale pour le loup-garou" et "Le Zombie et la zumba ou Faut-il être vivant pour bien danser ?"
Alors que ce matin je déposais justement le manuscrit de mon dernier roman ("Dawn T.1 Frustration"), je vis que mon fils était déjà au travail sur sa fusée. Depuis qu'elle était là, c'est comme si le reste du monde n'existait plus !
Heureusement pour nous, son travail lui imposait une forme physique impeccable, il revenait donc au manoir pour courir son kilomètre quotidien sur mon vieux tapis de course. Je profitais de ces occasions pour discuter avec lui, notamment au sujet de l'héritage. Car oui, désormais l'envie d'être grand-mère se faisait de plus en plus forte en moi. Je voulais connaître mes petits-enfants quoi ! Même si pour cela il me fallait céder mon fils à une greluche jeune demoiselle.
Hélas ! Rien ne semblait l'attirer hormis sa fichue fusée ! Et hors de question d'avoir des petits-enfants mi-humains mi-robots.
Ce soir-là, il finit sa fusée. Et sans même prendre le temps de se laver, il partit explorer le nouveau monde qui s'offrait à lui. Non mais, que vont dire les martiens en voyant débarquer un tel humain ? Prions pour qu'ils n'aient pas d'odorat, sinon les relations diplomatiques avec les formes de vie extra-terrestres sont mal parties !
Le lendemain, pour me sortir de mes préoccupations grand-materno-diplomatiques, mon cher et tendre me proposa un rendez-vous au Desert Bloom, le parc municipal d'Oasis Spring. Et je dois dire que cela nous changea, et nous y avons passé un moment tout simplement délicieux ! Blottis l'un contre l'autre comme durant notre jeunesse, j'avais l'impression qu'il n'y avait que nous au monde. Et pourtant notre conduite semblait faire mourir d'ennui un goujat venu s'endormir sur notre banc !
Mais notre dernière étincelle de jeunesse s'éteignit ce soir-là lorsque Grim passa de l'autre côté de la barrière et devint sénior. Même si cet évènement ne le réjouissait guère, à mes yeux ses cheveux argentés et sa petite barbiche étaient plein de charme !
Le lendemain, la fin de journée m'apporta un peu d'espoir quant à mes envies de petits-enfants. Elsa, la petite-amie d'adolescence de Walter, fit une visite à l'improviste au manoir. Et au grand bonheur de mon fils, elle était devenue une jeune adulte ! Ni une ni deux, en grand séducteur, Walter sortit une rose de nulle part pour accueillir la dame de ses pensées (c'est mes gènes, ça !).
Cadeau qui ne déplût pas à la jeune fille. Les deux jeunes tourtereaux fêtèrent leurs retrouvailles d'une manière que je ne préfère pas imaginer... Mais enfin ! Une chance de voir à nouveau des bébés à nourrir et des enfants courir partout dans ce manoir !
Bref, autant de raisons pour la vieille dame que j'étais de se réjouir... Et les évènements des jours suivants s'enchaînèrent rapidement.
Deux jours plus tard, Walter me confia qu'il avait vu Elsa au Magnolia Blossom Parc dans l'après-midi, et qu'elle lui avait paru... changée. Surtout au niveau du ventre.
Voulant assurer le coup, il avait réussi à attirer Elsa sur la plage face au manoir pour lui faire sa demande de fiançailles. Quand je vous dis qu'il tient de moi, ce petit !
Evidemment, la jeune fille n'allait pas dire non au plus beau parti de la ville ! (et au plus beau jeune homme de la ville !)
Scellant leur union d'un grand saut dans les bras, Elsa emménagea au manoir ce jour-là, avec son petit supplément.
A l'annonce de ces nouvelles et si je n'avais pas été assise dans mon fauteuil, j'aurais sûrement sauté de joie. Optant pour des signes d'enthousiasme plus discrets, je félicitais mon garçon et l'assurais de ma bienveillance à l'égard de son mariage futur.
Avec ces deux-là sous le même toit, une atmosphère rose régnait au manoir. (Si je mettais la main sur l'imbécile qui a dit que l'amour s'écrivait en gris !) Les jeunes parents semblaient partager une profonde complicité, et cela me rappelait mes jeunes années. Et c'est à ce moment que tout bascula.
Une jeune femme aux cheveux d'un bleu éclatant et au ventre bien rebondi se présenta au manoir. Au début, nous crûmes tous qu'elle s'était trompée, car je ne la connaissais ni d'Eve ni d'Adam (Touguézeur).
Nous découvrîmes vite cependant que ce n'était pas le cas de Walter, qui après avoir ouvert une bouche de trois pieds de long sous le coup de la surprise, se précipita auprès du ventre de la jeune femme.
Suspicieuse, Elsa ne tarda pas à interroger son fiancé en haussant le ton : "Non mais ça va pas ? Qu'est-ce qu'il te prend de la peloter comme ça ? Et vous, vous êtes..."
"Enceinte de Walter, oui." Ce fut un choc pour (nous) tous. Elsa ouvrit des yeux ronds comme des soucoupes, la bouche béante, tandis que l'inconnue se fendait d'un petit sourire satisfait.
S'effondrant dans le sofa et commençant à en avoir assez du bleu des cheveux de sa rivale et à voir rouge, Elsa peina à articuler : "Walter. Dis-moi tout. C'est faux, hein ?" "Euuuuh..."
8 commentaires -
Par Mathoo Sims le 4 Février 2015 à 15:21
"Euuuh... Bon, eh bien, Elsa, je te présente Amandine Durite. Nous nous sommes rencontrés il y a plusieurs jours au Magnolia Blossom Parc.
Et je reconnaître que le courant est très vite bien passé entre nous. J'ai très rapidement été séduit par son charme naturel et son petit grain de folie.
Et puis... Eh bien, je pensais que comme mes parents devenaient vieux et que je suis le seul héritier de la famille, il valait mieux assurer la génération suivante au plus vite, au cas où. Et comme je n'avais pas de nouvelles de toi, et que tu étais toujours adolescente, eh ben voilà quoi..." Conclu Walter, tout penaud.
"Et tu pensais m'en parler un jour ?" Renchérit Elsa, qui tentait tant bien que mal de ne pas exploser de rage. "Beeen..."
"Non mais je rêve ! Alors non seulement Môsieur fait des enfants à tout ce qui porte une jupe, sans le savoir d'ailleurs, mais en plus j'aurais été la dernière à apprendre la vérité ! Je ne sais pas quelle définition tu as du couple, mais visiblement ça n'est pas la même que la mienne !" clama la jeune femme, le rouge aux joues. Et avant que Walter ait pu répondre quoi que ce soit, elle ajouta :
"Si c'est ainsi que tu conçois la vie à deux, ça sera sans moi. Tiens, voici ton alliance. Je reste au manoir jusqu'à l'accouchement, et ensuite je pars sans me retourner !"
Le moins que l'on puisse dire, c'est que Walter ne savait plus ou se mettre. Il avait fait une énorme erreur, il en était conscient, et il s'en voulait d'avoir fait tant de mal à Elsa. Sur la pointe des pieds, Amandine entra dans sa chambre et vint s'asseoir à côté du père de son futur enfant.
Après un temps de silence, elle posa délicatement son bras sur l'épaule de mon fils et lui dit avec douceur : "Pardonne-moi, je ne pensais pas que ma visite mettrait un tel chaos dans ta vie. Mais tu as fait tes choix, bons ou mauvais, et moi je ne t'en veux pas, car grâce à toi je vais être maman !
Alors puisque Elsa part, si tu veux bien, je suis prête à partager ma vie et à voir grandir ce petit bout avec toi." Elle conclut le tout d'un léger baiser.
Si ces paroles réconfortèrent un tant soi peu Walter, elles ne le soulagèrent pas totalement de sa culpabilité. Il n'avait écouté que ses sentiments, et la joie de pouvoir être de nouveau avec Elsa lui avait fait taire son infidélité. Mais à cause de son silence, il l'avait désormais définitivement perdue...
Alors mon fils décida de saisir la deuxième chance qui lui était offerte. Dans la soirée, il alla parler à Amandine. "Ecoute, j'ai bien réfléchi à ta proposition et... c'est d'accord. Je te suis reconnaissant de ne pas m'en vouloir alors que je t'ai aussi caché la vérité. Donc faisons notre vie ensemble, si tu veux bien..."
Je me décidais le lendemain matin à intervenir. Oh, rien de très important, mais je tentais d'apaiser les tensions tout en faisant plus ample connaissance avec les deux futures mamans de mes petits-enfants. Elsa, malgré sa rancœur à l'égard de Walter, était tout à fait charmante. Elle aurait fait une Owlblood digne de ce nom, c'est sûr. Mais elle restait fixée sur l'idée de partir dès que le bébé serait né.
J'en profitais également pour sermonner et réconforter mon fils. "Eh bien ! Te voilà bien attrapé ! Tu vois ce qui arrive lorsque dans un couple on se fait des secrets ! Et puis, je voulais des petits-enfants, mais pas à ce point-là ! Tu peux t'estimer heureux qu'Amandine veuille bien de toi !"
A ce propos, j'eus également l'occasion de faire plus ample connaissance avec ma presque-brue. J'appris ainsi qu'elle était la fille d'une certaine Felicity Durite*, et qu'elle venait d'un milieu modeste. C'était une jeune fille vraiment délicieuse !
Et même si parfois elle avait des comportements... étranges (je jurerais l'avoir vue en train de parler au tapis de course), je suis heureuse de savoir que mon Walter passera sa vie avec une telle demoiselle (enfin s'il y arrive !).
En fin de journée, Amandine se dirigea vers l'hôpital, le visage crispé sous la douleur des contractions...
Et avant que les derniers rayons du soleil ne disparaissent, j'eus le plaisir de serrer dans mes bras mon premier petit-fils, Hugo ! Quelle joie j'avais de sentir contre moi ce petit corps plein de vie et qui sentait bon le talc !
Et je dis premier, car Hugo n'était pas tout seul ! Son jumeau John naquit juste après lui ! Voilà que j'étais doublement grand-mère, et d'un seul coup !
Exténués par cette double naissance, les jeunes parents n'eurent même pas le temps de se mettre au lit que déjà leur progéniture réclamait sa pitance !
Plus tard dans la nuit, ce fut au tour d'Elsa de se rendre à la maternité pour mettre au monde son enfant. Malgré sa réticence, je réussis à la convaincre de laisser Walter l'accompagner. Après tout, ils avaient fait cet enfant ensemble, ils devaient lui donner la vie ensemble !
C'est ainsi que tôt le lendemain matin mon mari et moi avons eu le plaisir de pouvoir cajôler la petite Sara !
Malheureusement pour Sara, Elsa restait intraitable et voulait quitter la maison en ayant à peine embrassé sa fille. Walter réussit malgré tout à lui extirper la promesse qu'elle viendrait régulièrement prendre des nouvelles de la petite. Il ne voulait pas que ses erreurs influent trop sur la vie de sa fille.
Et Walter travaillait déjà à sa rédemption. S'il n'avait pu être un bon compagnon, il se montrait déjà être un père attentionné, au grand plaisir d'Amandine.
"Non ! Chut ! Calme-toi ! Papa voulait juste être gentil, arrête de pleurer s'il-te-plaît !" Eh oui, c'était le temps des premières fois, et toutes ne peuvent pas être réussies !
Mais en voyant l'expression de mon fils lorsqu'il prenait dans ses bras l'un de ses enfants, je me rendais bien compte que cela le rendait au moins aussi heureux que sa fusée ! (qui n'avait pas décollé depuis un bout de temps, d'ailleurs...)
Et alors que je termine ce chapitre, je l'entends qui récite des poèmes d'amour à sa dulcinée à la chevelure turquoise...
Mais... mais... mais c'est MOI qui les ai écrits ces poèmes !
*Felicity Durite est une création de Divine337
6 commentaires -
Par Mathoo Sims le 16 Février 2015 à 14:30
Bon, je reprends la plume....
Une fois les triplés nés -car oui, au vu des circonstances de leur naissance, Amandine et moi avons décidé d'en faire des triplés- et Elsa partie, le manoir retomba dans une certaine routine. J'assurais mon rôle de père du mieux que je pouvais, malgré les larmes de mes enfants.
D'ailleurs Amandine s'occupait autant de la petite Sara que de ses fils, ce qui m'ôtait un poids considérable. Ainsi, même si sa mère décidait de ne plus la voir, la petite ne manquerait pas d'amour.
Je dois dire que nous faisions un fier couple, à nous occuper de nos trois poupons.
Mère était totalement gaga de ses petits-enfants. Elle passait son temps à les câliner, leurs faire des grimaces, des papouilles...
Père, prenant ses rôles de père et de grand-père très à cœur, me prodiguait divers conseils sur comment s'occuper des bébés. "Et n'oublie pas le rot après le biberon !" "Et pas trop de talc sur le popotin !" "Laisse-leur le temps de boire !" "Tu m'écoutes quand je te parle ?"
Nous eûmes également le plaisir de recevoir au manoir Felicity Durite, la maman de ma chère Amandine. Je reconnais avoir été intérieurement soulagé de constater que la fille n'avait pas hérité du sens de la mode de sa mère.
La rencontre entre les deux grand-mères fut plus... stoïque. Même si elle souriait poliment, je vois bien que Mère n'approuvait pas totalement les excentricités (ni le goût bariolé, disons-le franchement) de Felicity.
Les jours passant, mes talents de père faisaient leurs preuves. Ma jolie Sara avait séché ses larmes et me faisait maintenant de grands sourires, qui ne manquaient pas de faire fondre mon cœur... Moi qui avait toujours regardé le ciel, j'avais trouvé trois superbes étoiles sur terre...
Et à propos de ciel, mon congé parental fut bientôt fini et il fut temps pour moi de retourner au travail. Je dois dire que je retrouvais l'ambiance du Centre Spatial Philaé avec plaisir. Grâce à nos efforts, un centre de recherche allait bientôt ouvrir en ville !
Amandine avait accepté de repousser sa date de début de travail pour s'occuper des bébés le temps nécessaire à ce qu'ils gagnent en autonomie.
Les rares moments où ils dormaient de concert étaient d'autant plus appréciés.
Mère chouchoutait toujours autant ses petits-enfants. Je la voyais échanger de grands éclats de rire avec Sara, et je l'entendais parfois gazouiller : "Qui c'est la petite-fille chérie à sa mamie ? Hein ? C'est qui ? C'est qui ? C'est la jolie Sara ! Mais oui ! Ah gouzigouzi !" A croire que la personnalité particulière d'Amandine déteignait sur toute la famille...
Finalement, un soir, nos petits poupons devinrent des enfants. Le premier à grandir fut Hugo.
Puis ce fut le tour de John, qui devint un enfant extraverti se voulant très sociable.
Hugo, dans sa hâte, pria sa soeur de grandir avec eux. "Mais c'est nul, elle est toute petite ! On peut pas jouer avec elle !" s'était-il exclamé.
Et c'est ainsi que Sara devint une petite fille bienveillante, souhaitant comme son frère devenir très sociable.
Si Hugo était également bienveillant, il aspirait à plus d'action et prévoyait d'être un enfant turbulent.
Malheureusement, cette nuit-là fut également funeste. Alors que Mère allait se mettre seule au lit, elle sentit ses forces la quitter et s'effondra sur le plancher de la chambre. Apparut alors une silhouette de sombre allure.
Elle prit quelques notes, et d'un coup aussi précis qu'inéluctable, elle abattit sa faux sur Alicia Owlblood.
Pour ne laisser qu'une urne, qu'un objet vide de sens face à l'être qu'était ma mère.
Ma mère se nommait Alicia Owlblood. Elle était la fille aînée de Cassandra Gothik et de Matho Owlblood. Vous avez certainement lu son nom sur la couverture d'un des nombreux romans qu'elle a écrit. L'amour des siens et l'écriture furent les deux choses qui animèrent sa vie. Et si sa vie avait été un roman d'amour, ceci en serait le point final.
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